Voici un panorama des projets présentés in situ à l’académie du Climat le 21 janvier et des recherches réalisées pendant l’atelier à l’Ecole Estienne et à l’Académie
Lux Vestigium
Kamil Izaret (DCN) et Léna Marty (DIS)
Unité mixte de recherche en paléoichnologie spécialisée en bioluminescence
Menée du 12 au 21 janvier 2156 par une équipe de paléoichnologues, l’expéditionLux Vestigium
avait comme objectif l’exploration d’un bâtiment situé dans ce qui était anciennement le 4e arrondissement de Paris avant que la ville ne soit complètement submergée par la montée des eaux, puis redécouverte suite à la diminution progressive des mers et des océans due
à un choc isostatique.
L’expédition tenait à faire état des espèces de cnidaire qui s’étaient établies dans ces structures crées par l’homme et d’étudier leur évolution et leur adaptation dans ces nouveaux lieux, bien différent des profondeurs abyssales qu’ils connaissaient avant les perturbations eustatiques que nous vivons depuis 2054.
Ces espèces ne possédant pas de squelette, nos recherches se sont portées sur la révélation des traces de bioluminescence qu’elles produisaient, traces que nous sommes encore en mesure de capter aujourd’hui.
À l’aide de notre équipement spécialisé, et en utilisant des procédés de photométrie spectrale et des outils de datation au carbone 14, nous avons pu mesurer et analyser de nombreux phénomènes de bioluminescence produits par ces espèces de cnidaires que vous pourrez observer durant cette restitution.
Clarisse Hélie (DCN) et Clémence Foucher (DIS)
Il s’agit alors de montrer une vision animale dans un autre environnement sauvage pour l’animal, celui de l’académie. Comment peut-on créer une vision traitée de manière complémentaire en observant deux perspectives différentes en même temps (le rapport humain et le rapport animal dans un espace) ?
Notre projet est une interprétation de la vision du cerf et de ses émotions. Cet animal perçoit son environnement de façon floue uniquement en bleu et en rouge. Le bleu étant une nuance qu’il perçoit 20 fois mieux que l’homme, nous avons choisi de l’utiliser pour représenter une forêt plus sauvage, perçue par l’animal.
Le rouge identifie des éléments urbains, la manière dont l’homme s’introduit sauvagement dans un environnement qui n’est, à l’origine, pas le sien (panneaux de signalisation, bâtiments, voiture)
Pierre Bourdon (site / @pierre_bourdon)
et Kélit Raynaud (site / @kelit_) à l’origine de l’espèce des Néo-Cryptides (DCN)
La cryptozoologie et les cryptides ont fasciné voire terrifié l’Homme durant des générations. De Bigfoot au Loch Ness en passant par le Chupacabra et Mokélé-Mbembé, ces créatures dont on ne peut prouver l’existence sont les protagonistes de mystères restants parfois irrésolus. En quête de réponses, de connaissances scientifiques ou d’un peu de gloire, de nombreux individus ont repoussé les limites de leur créativité pour mieux pister et traquer les animaux. De cet acharnement est né une typologie d’images bien symboliques : des clichés pris à l’insu du sujet, souvent peu lisibles, voire entièrement truqués.
Pour redonner à la faune un ascendant psychologique sur l’Homme dans les écosystèmes où ils vivent, nous proposons de mettre le visiteur sur la piste de cryptides inventés de toute pièce et de jouer sur sa curiosité pour le traquer à son tour. Des appâts et des leurres conçus pour les humains sont disséminés et camouflés dans différentes sortes d’espaces constituant l’Académie du Climat. Lorsque le visiteur s’en approche trop et semble déranger la tranquillité d’un éco-système, un piège préalablement installé se déclenche et le surprend : à cet instant, une pho- tographie accompagnée d’un flash immortalise la réaction du visiteur. Le cliché est ensuite automatiquement traité par le micro-ordinateur du piège photographique pour correspondre au code esthétique des photos de cryptides ou d’animaux pris au flash de nuit, à une faible réso- lution et en noir et blanc. Les images sont accessibles sur un hébergeur de fichiers, consultable après la visite.
Afin de privilégier la discrétion de notre dispo- sitif, nous concevons des émetteurs sonores et des caméras entièrement autonomes. Notre approche se veut similaire à celles des chas- seurs, pisteurs et photographes nocturnes.
Composé d’un Raspberry Pi, d’une webcam et d’une LED de piscine, notre piège photogra- phique tient dans un petit boîtier imprimé en 3D. Il se déclenche lorsqu’il détecte un mouvement, selon des paramètres de sensibilité que nous déterminons en fonction du lieu.
À partir des textures d’une photogrammétrie que nous avons réalisée dans la salle des fêtes de l’Académie du Climat, nous avons conçu un motif de camouflage s’accordant aux tons gra- phiques de l’espace où est placé le dispositif.
Dans l’optique de proposer une expérience intri- gante, adaptée à la configuration des lieux et dans le respect du thème Haunted Ecologies
, nous souhaitons imaginer nos propres cryp- tides. Nous envisageons deux approches.
La première consiste à générer des cryptides en faisant usage de VQGAN, un GAN (ou RAG : Réseau Antagoniste Génératif) capable de générer des images à partir d’une autre et/ou d’une phrase et de mots-clés. Nous lui donnons comme matière première des représentations de cryptides s’apparentant à des clichés de pis- teurs. Il n’existe parfois pas d’images, auquel cas nous utilisons des visuels amateurs. Les géné- rations du GAN sont traitées en noir et blanc et en bitmap, avant d’être colorisés à notre façon. Nous produisons aussi des versions animées.
Dans la deuxième, nous parlons de crypto-extinction
. Certains cryptides ne sont plus signa- lés de nos jours, et selon certains cryptozoolo- gues, il pourrait être possible que certains de ces cryptides soient des animaux ayant disparu avant d’être officiellement décrits par la science
reporte le wiki cryptiarchives.fandom.com.
Nous considérons imaginer des cryptides contemporains. Une piste serait d’imaginer un scénario où le niveau de l’eau aurait submergé la ville de Paris, devenant sujette à un phénomène de bio-encrassement. De nouvelles formes de vie feraient leur apparition à partir d’objets/ déchets symboliques de la capitale. Une trotti- nette bernard-l’ermite géante hanterait la salle des fêtes de l’Académie du Climat, où le niveau de l’eau qui remplit la salle trouverait sa limite juste en dessous des emblèmes fluctuat nec mergitur qui quadrillent l’espace.
Léa Taing et Quentin Benelfoul (DCN)et Milo et Claire Painchaud (DIS)
Derrière notre projet se cache la volonté de représenter un ave- nir très lointain, si lointain que nos sociétés ne seraient plus que vestiges. En ce sens, cette installation offre une expérience im- mersive, mettant en scène une nature épanouit, qui aurait re- pris ses droits après l’extinction de l’espèce humaine.
Or, le souvenir de l’humanité hante encore la mairie du IXe, venant créer une dissonnace avec cet univers apaisé.Le module comprend une structure en bois permettant la suspension de trois compositions florales en papier découpé et de trois merles moqueurs. Un projecteur dissimulé sous la struc- ture permet de faire apparaître un spectre humanoïde dans les ombres.
Lumière éteinte et… Armé d’une simple lampe torche, un univers se déploie sur les murs de l’Académie du climat. Suivez le champs des oiseaux pour retrouver le souvenir de la présence humaine…
Matteo Calfano et Axel Anastacio(DCN)
Les champignons constituent un réseau dans le sol via le- quel les arbres forestiers se transmettent des nutriments et des informations. Dans les écosystèmes terrestres, les plantes sont associées à des communautés microbiennes très denses autour de leurs racines. Si les bactéries consti- tuent, de loin, la plus grande diversité d’espèces dans ces communautés microbiennes, les champignons sont aus- si très présents.
Ainsi un gramme de sol naturel contien- drait près de 200 mètres d’hyphes (filaments) fongiques. Parmi ceux-ci, plusieurs mètres sont constitués d’hyphes de champignons symbiotiques des plantes (association à bénéfices réciproques entre la plante et le champignon).
Nous avons donc décidé d’intégrer ces champignons à un environnement urbain, en les faisant se propager.
Nous voulons illustrer le rapport qu’entretiennent les hommes vis-à-vis de cette nature invi- sible, et qui se traduirait par une installation vidéo (système de vidéo Surveillance) ou l’on verrait l’espace se dégrader progressivement
Equipe 3 / Ekaterina Zhitkovskaya(DCN) et Jeanne Sterkers (DIS)
Dans un futur peu réjouissant où la catastrophe de Tchernobyl fut la première d’une longue série d’explosions nucléaires, une faune inquiétante a vu le jour. Ce sont ces animaux, capturés par un système qui semblent aujourd’hui bien archaïque, que nous vous proposons de découvrir.
Préparez-vous à assister à une séance de projection de diapositives, bien éloignée des idylliques voyages des grands-parents…
Nous avons travaillé à deux sur la constitution d’un bestiaire qui allie photomontage et éléments illustratifs. Cela permet de créer un décalage et une étrangeté dérangeante.
Le carrousel à diapositives
Par différents essais successifs de superpositions, de découpages, d’éclairages et de projection, nous nous sommes approprié la machine. Nous avons ensuite réalisé des gifs, en imprimant les images une à une, afin de créer des suites d’images qui s’animent en faisant défiler les diapositives.
Amelle Retiel, Candice Tizien (DCN) et Guillaume (DIS)
Projet sur la déforestation en Amazonie.
Margaux Vergnaud (DCN) et Flavie et Marie (DIS)
Projet sur la captation de traces bioluminescentes
notre plante prolifère malgré l’activité humaine. Elle sait se faire discrète pour sa propre survie : elle peut changer de forme, changer de couleur et de texture, et se fondre dans son environnement, fusionner avec le bâtiment de l’Académie.
Ces capacités pourraient paraître imaginaires
t futuristes pour une plante, mais lors de nos recherches nous avons trouvé quelques exemples de phénomènes similaires, qui ont déjà lieu.
Avec l’impact de plus en plus massif de l’activité humaine, de nombreuses espèces sont contraintes de s’adapter. Par exemple, dans les hauteurs des monts du Sud-Ouest de la Chine, une petite plante nommée Fritillaria delavayi aux feuilles d’un vert éclatant revêt désormais des teintes grises et marrons, similaires aux roches parmi lesquelles elle pousse. Cette technique de camouflage serait le résultat d’une évolution génétique, pour éviter d’être cueillie par les humains.
Références et inspirations
* les plantes imaginaires de Leo Lionni dans La botanique parallèle, 1978 - la végétation dans le film Nausicaa - Craig P. Burrows, de la photographie par fluorescence d’UV de plantes http://www.cpburrows.com/independent-work/